DESPAS Clément (extraits)

DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE !
Ondine

« Ma dame est toute nue et, très gracieusement, souriant comme un chat, son regard malicieux planté dedans le mien, s’accroupit face à moi : prosterné, ébloui, narines dilatées je hume le parfum délicieux et chypré qu’exhale le bijou de chair rose nacrée de sa vulve magique qui est la plus belle chose qu’il m’ait été donné, dans ma vie d’amoureux pourtant bien agitée, de pouvoir contempler, que je contemple donc, bouche bée il me semble et le cœur me cognant dans le ventre et les tempes, me disant que sans doute j’ai l’air bien égaré et son rire confirme qui sonne dans la pièce comme, si je la toquais, la coupe de cristal qui brille, vide encore, sur le marbre sous elle qui de deux doigts experts écarte un peu ses lèvres – celles d’en-bas bien sûr – en posant l’autre main sur l’abdomen qu’elle presse et un jet d’or liquide en jaillit tout soudain qu’elle dirige, très sûre, vers la coupe qui tinte, qu’il emplit dans l’instant, qui mousse, qui déborde, qui emplit l’air d’effluves – plus âcres – qui m’affolent, qui est une fontaine dont la source est ma reine que j’entends soupirer et qui soudain s’arrête, puis qui envoie encore deux mignonnes giclées, puis qui a fini ça y est : je tends alors la main vers la coupe remplie que je prends par dessous, faisant… »

DISSONANCES #41 | OPIUM
Endorphines

« Allongée sur le dos indécente alanguie sur le nuage d’or qu’est devenu mon lit par la seule magie de sa présence ici ma toute belle nue – faisant son endormie – écarte lentement ses genoux sous mes yeux et je n’en reviens pas de la chance que j’ai – accro comme je suis – que celle que j’appelle la dame du jeudi – et qui est à la fois ma dealeuse attitrée et le top des produits – soit venue mercredi et me permette ainsi avec un jour d’avance d’être à nouveau perché – vertigineusement – à juste contempler – pupilles dilatées et le souffle coupé – la capsule fendue – bombée par le désir – du petit pavot rose qui vibre entre ses cuisses et d’où sourd – ô beauté – la cyprine irisée que – ne résistant plus – je lappe maintenant en chien halluciné – grognant et gémissant – poil dressé – queue tendue – aux oreilles duquel – ma toute belle est folle – elle s’accroche soudain – amenant à sa bouche ma bouche pleine d’elle pour y plonger sa langue et se boire à son tour – se gorger de son suc – se couvrant de mon corps – se plaquant – m’enfonçant – agrippée à mes fesses elle-même maintenant gémissant et grognant : faisant de moi ravi l’instrument du plaisir qui par vagues l’emplit – et d’un coup la submerge – l’emporte – et m’éblouit : ne… »

DISSONANCES #33 | FUIR
Blason
« Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Vous vous ferez dessus. Moi je ne serai plus
Que souvenirs furtifs, pâlichons et perclus,
Passant en courants d’air dedans votre cervelle

Mais on s’en fout au fond : ce qui compte, ma belle,
Ce sont vos flux actuels, délicieux petits jus
Lapés à votre bouche, votre con, votre cul,
Dont vous me régalez lors nos fusions charnelles

Ainsi qu’en mes pensées, comme présentement
Où vous n’êtes pas là pour, jouant de… »

DISSONANCES #31 | DÉSORDRES
Sens dessus dessous
« Soudain j’ouvre les yeux. La chambre est dans le noir et il fait vraiment chaud. Par la fenêtre ouverte sur la nuit étoilée au-dessus de ma tête s’écoule sur ma peau, le long de mon corps nu, s’étale sur le lit et du lit dans la chambre et sans doute au-delà (inondant le couloir, dévalant l’escalier vers la pièce au-dessous) l’air plus frais du dehors.

Mais quand même il fait chaud : difficile de dormir.

Pour moi en tous les cas, car pour elle ça va : ses sens bien assouvis (ayant tiré de moi tous les plaisirs possibles), elle s’est abolie en croix nue sur les draps et sa respiration très douce et régulière indique qu’elle est loin, que c’est bien, qu’elle profite. J’en suis heureux pour elle, j’en suis heureux vraiment mais quelque chose en moi se rebiffe soudain, me ricane au visage et me montre du doigt. J’évacue la vision et me tourne vers elle précautionneusement (surtout pas l’éveiller), je respire son souffle et la regarde dormir : comme une petite chatte elle semble sourire et moi comme un couillon coincé au bord du lit qu’elle squatte presque entier, je la trouve adorable bouleversante splendide ainsi abandonnée à sa tranquillité et ma... »

DISSONANCES #29 | TABOU
Petit interdit
« Ma princesse totem a de petits tabous. À genoux à ses pieds je regarde son ventre se tendre ou se creuser pendant que mes doigts jouent à effleurer son sexe et c’est vraiment joli mais toute retenue qu’elle est habituellement elle est là… énervée : déjà de sa corolle (que d’une main experte elle m’ouvre effrontément) sourd un nectar troublant dont les premières gouttes me coulent entre les doigts (tout à l’heure elle pleuvra), je m’abouche et la bois (ma langue joue à chat), je l’entends tout là-haut qui râle doucement et je la sens monter, je glisse mon index au fond de son désir et l’en ressors trempé, je lui mets dans le cul et sans plus s’attarder elle vient massivement, explosant mentalement, inondant le carrelage de la salle à manger sur lequel elle descend, lentement, s’étaler.
Je la contemple un temps. Elle ne bouge plus. J’en viens à… »

DISSONANCES #28 | AILLEURS
En deçà
« tu as planté tes griffes, tout ton corps s’est plaqué, tes yeux se sont ouverts sur quelque part très loin (bien au-delà de moi) dont la vision soudaine les a illuminés, ta bouche a fait un oh qui est resté muet, le temps s’est arrêté

et s’est réenclenché mais j’avais pu voir ça : l’extase – ailleurs, le… »

DISSONANCES #27 | ORGASMES
Égoïste

« Ma toute belle se renverse et, m’agrippant aux fesses, elle se fend et m’enfonce, d’un seul coup, jusqu’au bout. J’y ai à peine le temps d’un éblouissement que Tu fais quoi ? elle active : concentrée – les yeux clos – elle reflue, me reprend, me repousse, me retient, m‘aspire de nouveau jusqu’au plus profond d’elle d’où remonte ce râle que je ne connais que trop et je me dis que peut-être… mais c’est trop tard déjà : son désir est la loi et ne me reste plus qu’à contrôler le mien (pas venir avant elle ou j’imagine même pas) puis assumer après. J’entre donc dans sa danse, m’insinue dans son rythme, y colle, le soutiens, l’amplifie, m’y soustrais (et elle passe alors du râle au grognement, une partie de moi criant Arrête là ! mais le peu de raison qui me restait encore vient de s’évaporer) : je la laisse m’emporter où ma vision se brouille et je sens que je viens alors je la retiens, la maintiens, la regarde, pose les mains sur son ventre qui est dur et palpite et là elle se redresse, me… »