CUZZUCOLI Sandrine (extraits)

DISSONANCES #31 | DÉSORDRES
D’après Hans Holbein
« Sur des panneaux de chêne la peinture à l’huile recouvre des manches bouffantes des soies de la fourrure différentes sortes de tissus probablement d’odeurs liées à ces tissus des couleurs exubérantes soit mais douces à l’œil sur deux corps plantés là soudés au sol dans le confort d’une amitié sourde elle aussi soudée à des étagères plusieurs – lourdes d’objets hétéros divers quoi mâles femelles les objets ont un sexe devant un rideau vert flamboyant neuf il n’était pas dit que ces deux ambassadeurs aient l’idée de classer ces objets par ordre alphabétique (et puis quoi encore). Dans la ferveur d’une époque renaissante ravissante on joue du luth de la flûte comme on fait des calculs on regarde les astres sidérés encore sous le choc des découvertes – les ambassadeurs ne se découvrent pas cependant : la barbe austère tel le regard dans nos yeux observateurs amateurs de portraits de personnages doubles oh les coeurs des soldats ! oh les coeurs des religieux ! C’est bien eux ! Paix sur terre pas vraiment l’époque est friable mais on est friands d’objets on est performer avant l’âge d’un siècle trouble on se met devant la caméra un public d’avertis de non avertis et on déballe sa valise on est... »

DISSONANCES #29 | TABOU
Sous le signe de Diane
« je la voyais s’avancer vers moi sa façon de marcher de se faire une tresse en marchant de tenir des fleurs dans l’autre main de s’étendre sur un divan après s’être déshabillée de me regarder lascivement avec derrière elle la fenêtre ouverte et son chien assoupi on était au xvième siècle à venise elle s’appelait venus flora diana artemide elle commandait des bouquins sur amazon. en fait très vite on l’avait poursuivie pistée traquée soit disant l’herboristerie où elle travaillait n’était pas des plus régulières aussi elle chassait des animaux et préparait des onguents. moi qui la regardais nue et qui donc me transformais en cerf un peu plus chaque jour j’étais sans défense sans bois sans voix mais je voyais clair dans son signe de la main soit le v renversé de ses doigts signal de départ d’une… »

DISSONANCES #27 | ORGASMES
Organismes vivants

« Or, faire l’amour. Organismes vivants, individus, or dans les corps, corps organisés, menés par les orgues de barbaries qui chantent, chutent les corps mais tendus, bien tendus les gonades enivrées que nous sommes avant l’eau qui coule, avant, l’eau dort, les os ne sont plus qu’un vieux souvenir. Les points titillés la peau pas tilleul qui parle qui m’entre, j’entrevois une mort, un oubli, un cratère, ça bon ça dure, génuflexion des chevilles, je tire la chevillette, mon cher a de l’or qui tombe, au lit, on ne dort pas, j’ai chaud, tu parles bas, sourd, après on sourit, il faut dire c’est surprenant. Et pourquoi ? Mais on monte vite d’un cran ! plus de têtes, de textes, on fait bloc contre vents et marées, le vide et à la fois on ressent par strates. Ce n’est pas fini, on veut que ça ne soit pas fini, alors si je veux je ne viens pas je reste sur le divan blanc, à te regarder. Faire. T’affairer. Maintenant ce n’est pas drôle, ça n’en finit plus, tricheuse, tripoteur, je pince, corps seul qui pleure. Rapprochement… »