VERMOT-PETIT-OUTHENIN Stéphanie (extraits)

DISSONANCES #44 | SILENCES
Prescription(s)

« Ne rien dire
à personne
mon fils :
le silence, c’est le nerf de la guerre,
tu sais,
disait chaque fois mon père,
après.
Et moi j’imaginais une grande plaine désertée des hommes et trouée d’obus, s’y noyaient les restes d’un ciel de boue, ne la délimitait aucun horizon : la plaine s’installait dans ma poitrine, il faisait suffisamment froid pour qu’elle s’y sente bien, j’abritais les obus défonçant par surprise la terre encore dans sa position de fœtus et pourtant je ne pouvais pas entendre la déflagration, je sentais le danger sans pouvoir le nommer,
silence.
J’étais moi-même un champ de bataille, un soldat gesticulant dans sa… »