Aline ROBIN a illustré DISSONANCES #38 (thème : FEUX)
Mes premiers pas vers le travail de dessin ont été guidés par les formes et motifs de la nature : animal et végétal revenus par fragments, formant des paysages grotesques voire monstrueux, taches ou zébrures comme autant de ponctuations ou de traces de gestes frénétiques, motifs se fondant et se confondant – quelle différence parfois entre écorce, écailles, poils, herbage ou surface frémissante de l’eau ?
L’animalité est cette zone indicible entre l’homme et l’animal qui les éloigne et les rapproche, et l’état sauvage cet état de nature impalpable avant l’intervention de l’homme. Cela amène à envisager la question du monstre, de l’être entre l’homme et l’animal ; le monstre, c’est le phénomène de foire que l’on exhibe, la créature des mythes et des légendes, mais également le résultat des corps meurtris des conflits armés.
Avec le temps, mes outils se sont bien sûr diversifiés mais on retrouve encore aujourd’hui chez moi les mêmes grandes lignes de conduite : trouver l‘image dans l’image, creuser le détail, prendre le temps de l’observation – avec toujours ce sentiment de grande catastrophe, ressenti également par Marc Desgrandchamps : « La nature est belle, profuse, et pourtant, tout est amené à disparaître. […] Ce côté crépusculaire s’associe pour moi avec cette conscience de la finitude et du précaire que l’on peut éprouver à tout instant, même dans des lieux et des temps censés correspondre à la plus grande insouciance. »
Aline ROBIN, avril 2020
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