MICHELET Étienne (extraits)

DISSONANCES #42 | CHAMPAGNE !
Que plus rien n’existe

« Derniers mots, dernière ligne de Rigodon, avant sa mort, Céline écrit Reims… Épernay… de ces profondeurs pétillantes que plus rien n’existe… Cette fois, une fois pour toutes, les trois points terminateurs, et quoi ? plus rien, alors je verse, je vide, vide, vide la bouteille par terre, pour faire une flaque, de la mousse, comme de la pisse, et ils viennent, par deux, par trois, les chiens, ils viennent laper la langue frémissante, la flaque pétillante, à coups de langue, ils lapent, lapent, lapent, deux-trois chiens, errants, comme ceux de Sotchi, Champagne pour eux, Russie, Hymne ! les langues, qui lapent, qui humilient, et la frénésie des chiens de Sotchi, Champagne ! lapent, lapent, ils voulaient bien, par poison, en finir, Champagne ! Russie, le labrador noir de Vladimir, et l’or, et les putes, mais pas de révolution, alors je verse le champagne, à la santé des chiens de Sotchi, et à la Russie, aux errants, au pipi, aux chiens qui pissent, sur les tables, sur les sushis, arrosés, à la pisse, à la santé, dans les flutes la mousse, sur les canapés, les cônes farcis, bien rouges, Vladimir tête de crabe, oligarchie, on te pend par les pieds, tu rougis, comme la langue des chiens de Sotchi, Champagne ! c’est pour moi ! tous les mercredis, les… »