McCORD Howard | Poèmes chamaniques

Coup-de-cœur de Laurent ALBARRACIN pour Poèmes chamaniques de Howard McCORD
DISSONANCES #41

Comment tout à la fois arpenter des terres extérieures, les plus bigarrées et vastes qui soient, et opérer le lien avec le monde intérieur ?
Howard McCord (né en 1932) est l’un des maîtres contemporains du Nature Writing. De l’Ohio dont il est natif jusqu’à l’Himalaya en passant par le désert mexicain, l’écrivain et poète américain aura exploré nombre de territoires et de paysages sauvages. Sauvages mais pour autant pas tout à fait vierges de toute référence. Car si chaque poème semble rendre compte d’un instant vécu, d’une marche accomplie ou d’une réflexion née dans le vif prodigue de l’aventure, il n’en reste pas au seul plan descriptif et semble s’appuyer toujours sur un vieux fonds traditionnel et chamanique. Animaux, éléments naturels, tout paraît rattacher les sensations du poète à une expérience ancestrale. Ce qui nourrit sa vision c’est quelque chose comme un chant venu du fond des âges. «  Il y a des chaînes de montagnes / qui se dressent à l’intérieur des yeux […] Elles ne peuvent réellement / être là. / Mais on doit trouver / le Passage / pour aller de l’autre / côté. » Ce passage à trouver, à retrouver, cette ambition orphique en fin de compte qui guide le poème, c’est chaque instant qui l’offre lorsqu’on sait lui reconnaître un ancrage dans le temps long, immémorial : « Chaque grillon / sait qu’il a vécu / pour toujours. »
Car la nature pour un poète de la trempe de Howard McCord n’est pas seulement un réservoir de formes. Elle est l’expérience de la vie commune à tous les vivants.

traduit de l’américain par Cécile A. HOLDBAN et Thierry GILLYBOEUF
éd.
La Part commune, 2021
180 pages
15 euros