Coup-de-cœur de Jean-Marc FLAPP pour Coupe-le de Corinne LOVERA VITALI
DISSONANCES #41
Je n’ai jamais rencontré CLV en vrai (ça aurait dû se faire il y a quelques années pendant un festival d’arts et de poésie où elle était invitée (nous y avions rendez-vous) mais la miss est si libre (ou ingérable (ou folle)) qu’elle s’en est fait virer (carrément) avant que nous nous voyions). Pourtant j’ai l’impression de la connaître mieux que bien de mes amis. C’est que ce qu’elle écrit (pour ce que j’en ai lu) est d’une intimité et d’une urgence telles que la lire c’est la vivre parce que c’est également être happé/emporté par le flux impérieux d’une langue/torrent dont on sent à chaque ligne l’immense sincérité : CLV c’est la vie – la sienne comme la nôtre – tragique et magnifique, déballée toute crue, à fond, sans aucune frime, pour mieux l’exorciser. Et ici une fois de plus où elle chante de l’amour comme issue fusionnelle au vide existentiel l’impossibilité : Coupe-le c’est couple coupé, et le tiret fatal c’est le fossé profond (infranchissable en fait) entre l’autre et moi-même, qui fait que quoi que je fasse, quelle qu’en soit la raison, « je ne peux fréquenter personne homme ou femme durablement je ne peux être à deux qu’avec les animaux » et s’il y a bien le sexe (qui est partout ici : « on s’accouple dès qu’on peut on le fait comme des bonobos mais qui n’essaieraient ni de résoudre un conflit ni de l’éviter par routine de la pénétration qui en vaut une autre ») ce que CLV nous dit à sa façon foutraque, hantée et inspirée, c’est qu’il nous faut comprendre (intégrer, assumer) que c’est avec soi-même (« le sens de mon inconscient et la logique de mes hormones ») qu’au fond il faut traiter. Bref c’est encore une fois un moment de vérité. Et de toute beauté.
éd. MF, 2021
108 pages
15 euros
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