DISSONANCES #33 | FUIR
Barbara
« La fille de l’air titille tes pieds et tu vas faire un trou à la nuit. Tes chaussures sont prêtes, polies cirées, complices des adjas qu’il te faut mettre, pour disparaître souvent. Les voiles hurlent aux amarres larguées : tous ces cordages, comme ils encombrent ! Tu ne restes pas en place, ta case assignée, bien propre bien rangée, avec des gosses et une blanquette, tu l’as taguée à la bombe verte, bombe le torse comme l’ennemi fait.
La fille de l’air vole au vent, cheveux défaits. Tu regardes tous ses loopings, tu suis de ton index ses tours et retours, son long détour dans les contours du haut, parce qu’il y a des bornes même dans le ciel : elles sont bleues – qu’importe ! Deux paires de petites ailes sont apparues à l’arrière de tes chaussures, vernies lustrées. Qu’importe le rire de Barbara, qu’importe son beau prénom et ses dix doigts, qu’importe sa langue sur tes lèvres du bas. Tu lèves la tête pour voir passer la voltigeuse. Barbara a parlé d’alliance, parce que maintenant on a le droit : tous ces cordages, comme ils encombrent !
La fille de l’air sculpte son nom dans les nuages : liberté ! Tes pieds te démangent et tes… »