DISSONANCES #32 | NU
Ad vitam æternam
« Il est allongé sur le lit. S’il n’avait pas la boîte crânienne défoncée, on pourrait croire qu’il dort.
L’été touche à sa fin. Malgré tout, la chaleur est intense. Ce mois de septembre est le plus chaud que la France ait connu depuis une cinquantaine d’années.
Le vieux est mort il y a deux jours. Sa femme s’est approchée du lit pendant qu’il dormait et lui a donné un coup de masse sur la tête. Pourquoi ? Je n’en sais rien, c’est l’affaire des flics. Mais elle n’a pas nié son geste. Moi, mon boulot, maintenant, c’est de le rendre présentable à la famille. Sa fille, la quarantaine passée, m’a demandé de lui mettre le costume qu’il portait à son mariage. Étrange requête. Si son épouse le haïssait au point de lui broyer les os du crâne, pourquoi célébrer, post mortem, une union mortifère ?
Mais ce n’est pas mon problème. Le vieux est là, allongé sur ce lit, le crâne ouvert et les yeux définitivement clos sur des souvenirs qui ne regardent que lui.
Je ne crois pas à d’autres vies après la vie. On a suffisamment à faire avec la seule qui nous est donnée pour ne pas être emmerdé avec... »