DISSONANCES #22 | RITUELS
Ballerina
« A cet instant précis, la mort fond sur elle avec ses ailes bleutées et son visage d’ange. Elle lance un regard circulaire sur le paysage et le mensonge de l’existence lui est dévoilé : les épines de ces arbres n’ont jamais été vertes, pas plus que le ciel nocturne n’est tendu de moire ou les flocons agonisant sur le sol, blanc immaculé ; le monde entier, chaque être et chaque chose sont nimbés d’une aura rose phosphorescente. Un linceul de sang plus réel que le réel lui-même. Une vérité indicible et indiscutable.
Une phrase de sa mère :
« Ne va pas trop loin en toi, tu te perdrais. »
Pourtant, encore enfant, il fallait bien s’enfoncer dans les bois et traverser les eaux gelées de la rivière pour rejoindre l’église. Les longues journées passées dans le sanctuaire abandonné. Prier jusqu’au crépuscule, ensevelie par la solitude. Le silence des travées, le regard plein de compassion des icônes et les premiers frémissements de la lune sur les vitraux. La sensation que les mains n’appartiennent plus au... »