Extrait de l’entretien avec Ivar CH’VAVAR publié dans DISSONANCES #27
Ivar CH’VAVAR (petit)
Écrivez-vous plutôt pour ou contre, dans ou hors, malgré ou à propos de ?
Contre. Il me faut écrire contre – les habitudes acquises, les certitudes des poètes, les « savoir-faire » qui nous enferment, le « poétique », les mots qui poussent pour être les premiers, le phrasé « naturel », etc. Contre tout.
Quelle est la part de la contrainte dans votre écriture ?
Pour aller contre, je n’écris plus que contraint et forcé par telle forme, le plus souvent le vers justifié (il faudrait dire plutôt le mètre justifié) : il faut qu’il fasse tant de centimètres et s’aligne à droite de la page aussi bien qu’à gauche. Je me sers de ce mètre a-rythmique pour créer de nouveaux rythmes, un nouveau phrasé, etc. Par ailleurs cette contrainte, très forte, m’occupe tellement l’esprit que je ne contrôle plus le contenu du texte, il n’y a quasiment plus de censure. Pour que le subconscient affleure, c’est autrement efficace que l’écriture automatique !
Que faites-vous quand vous n’écrivez pas ?
En réalité je n’écris jamais, presque jamais. Je n’ai rien écrit depuis plus de deux ans. Il se trouve donc que cette question n’a pas grand sens pour moi.
Qui est votre premier lecteur ?
Moi, puisque je ne repère que des bribes du contenu de mon texte quand je l’écris. Le relisant, en réalité je le lis, je le découvre, non sans ahurissement souvent. Je n’ai pas de « premier lecteur » attitré.
Qu’est-ce qu’un bon éditeur ?
Un éditeur qui cherche et qui trouve, qui prend des risques, et qui les prend avec jubilation. Un éditeur qui court joyeusement à la…
…suite de l’entretien dans la version papier de DISSONANCES #27
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BIO
Né à Berck-sur-Mer en 1951, Ivar CH’VAVAR vit à Amiens depuis 1976. Poète en français et en picard, il a dirigé plusieurs revues, notamment L’Invention de la Picardie en 1986 et Le Jardin ouvrier en 1995 (une anthologie du Jardin ouvrier est parue chez Flammarion en 2008). Il a publié de nombreux ouvrages, certains « sous » hétéronyme, comme Le Poteau rose, attribué à Evelyne « Salope » Nourtier. Il tente, par une expérimentation continuelle, de refonder le « travail du poème » et de retrouver les voies d’une poésie populaire.
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BIBLIO SÉLECTIVE
Le Jardin ouvrier – anthologie – (Flammarion, 2008)
Ichi leu / Ici là (bilingue picard-français (trad. française de Lucien Suel) éd. des Vanneaux, 2009)
Titre (éd. des Vanneaux, 2011)
Travail du poème (éd des Vanneaux, 2011)
Le Marasme chaussé (Flammarion, 2012)
Le Poteau rose (éd. Le Corridor bleu, 2013)
Le Caret (éd. des Vanneaux, 2014)
Le Tombeau de Jules Renard (éd. des Voix de garage, 2014)