DISDERO Rémy | Oaristys

Coup-de-cœur de Christophe ESNAULT pour Oaristys de Rémy DISDERO
DISSONANCES #38

Écrire le désir et son monde de combustion, écrire le sexe comme si vous y étiez encore (merci, on a eu une vie, on connaît), mais ce désir un peu particulier qui nous amène vers une citation de Bataille aussi souvent usitée que très juste : « Le coït est la parodie du crime ». C’est bien là et en son cœur que nous emmène Rémy Disdero, vers un amour-dévastation excessif et démentiel, gourmand de cochoncetés, d’avidité à jouir et de fascination pour le corps de l’amoureuse (elle est
aussi une amante très demandeuse et redemandeuse – on ne s’inquiète pas pour sa santé). Fascination folle pour la jouissance de l’autre qui se nourrit d’elle-même et se répète avec une inertie monstrueuse. À première lecture, je n’avais pas perçu la douceur, on pourra aussi la trouver. Désirons-nous monstrueusement, se racontent les nez et les approches tactiles. Souvent le texte cul qui s’étale sur vingt pages me navre, me désespère. Pas là. Du tout ! Texte érotico-porn explosif. À placer sur l’étagère auprès des nouvelles d’Anaïs Nin, du Sexus d’Henry Miller, ou des rituels ménagers de Claire Dumay. Ma mémoire est peut-être défaillante, mais Oaristys est le texte érotique que j’ai le plus envie d’offrir à tour de bras. Il me pose la question : être en-dessous du désir de ces deux amants-là, est-ce encore du désir ? « Elle écarte les cuisses et je plonge mon nez par où s’échappent les oiseaux d’or, dans ses grandes eaux, massant doctement sa motte »… Je n’ai plus le temps d’évoquer les autres textes de ce livre soigné très religieusement par un éditeur et son imprimeur qui connaissent leur métier (livrets reliés/cousus et couverture charnellement brûlante sous vos doigts innocents).

éd. Cormor en nuptial, 2018
128 pages
16 €