Coup-de-cœur d’Anne VIVIER pour L’ami d’enfance de Julien DIEUDONNÉ
DISSONANCES #43
Une ville nouvelle dans le nord de la France, des collégiens et quelques flocons de neige. C’est à peu près tout. Et c’est suffisant : il n’en faut pas plus à Julien Dieudonné pour ressusciter quelque chose de l’enfance dans ce premier roman si simple et si émouvant.
« Après, nuque cassée, yeux grands ouverts pendant deux heures et demie. »
En sortant d’une séance de cinéma – ils ont vu West Side Story – nos collégiens décident de former une bande. Bien organisée, avec un chef et un trésorier. Une bande, pour créer sa mythologie, évidemment, ça a besoin d’un territoire : le quartier de la ville nouvelle fera bien l’affaire, et la passerelle en constituera le QG. Par petites touches, en quelques scènes et images, Julien Dieudonné redessine les fondations. Parfois traumatisantes, anecdotiques ou merveilleuses, les petites briques de l’enfance sont posées là, sur lesquelles la vie de ces garçons va se construire. Un adolescent disparu qui ne veut pas rentrer chez lui, un chat dans un fossé, la nuque d’une camarade de classe : l’auteur réussit à capter les éclats et flottements de cette période charnière qu’est l’adolescence.
Il y a un peu de magie dans cette chronique à hauteur d’enfance. L’écriture de Julien Dieudonné sonne juste : il réussit toujours à se positionner à la bonne distance et sous le bon angle. Il y a aussi un petit quelque chose d’anglo-saxon dans cette approche : pas de psychologie, d’explication superflue, juste quelques faits exposés et au lecteur de tracer son chemin.
« – Peut-être c’est mieux si j’attends qu’elle m’aime avant de lui dire que je l’aime. »
À votre place, moi je n’attendrais pas : je filerais chez mon libraire.
éd. Signes et balises, 2022
124 pages
15 €