COLY Jacques | Voyageurs de l’absolu

Coup-de-coeur de Tristan FELIX pour Voyageurs de l’absolu de Jacques COLY
DISSONANCES #24

voyageurs

«  Le suicide subjugue, certes, transcende l’œuvre, et peut fasciner par l’impulsion individuelle qu’il suscite  ». Les suicidés, plus essentiels que les vifs ? La mort soufflerait-elle à l’élu de frayer nu avec la poésie ? Nul auparavant ne songea à recenser les poètes suicidés. Jacques Coly, poète entre surréalisme et beat generation, peintre et auteur de collages, se fait ici l’écho attentif d’une cohorte de poètes francophones, disparus souvent dans la fleur de l’âge, illustres ou inconnus, tous logés à l’enseigne d’une panique, d’une angoisse larvée, d’une redoutable voyance dans l’au-delà. Loin des poussiéreux hommages funèbres, cette visite guidée très personnelle, en compagnie de 55 voyageurs de l’absolu, rappelle que la poésie est un gouffre parfois. Coly invoque à coups de pinceaux décisifs, raconte chaque suicide – grotesque, tragique, sublime, dérisoire – comme un précipité de roman. Il nous émeut d’avoir réveillé Victor Escousse, Danielle Collobert, le poète haïtien Ruben François qui s’immole par le feu au milieu de ses recueils invendus ou Jean-Pierre Duprey (1930-1959) qui nous dit : « Armé de foudres sèches, un cri/Arrache la voix et crache la bouche… »

éd. Les Deux-Siciles c/o Diérèse, 2011
298 pages
18,50 euros