COLLECTIF | Lettres aux jeunes poétesses

Coup-de-cœur de Justine ARNAL pour Lettres aux jeunes poétesses (ouvrage collectif)
DISSONANCES #41

Aux origines de ce recueil épistolaire, deux questions posées par Aurélie Olivier – autrice et programmatrice de festivals hybrides et hors-normes – à 21 poétesses francophones d’aujourd’hui : « Qu’auriez-vous envie d’écrire à un.e jeune poéte.sse ? Qu’auriez-vous aimé qu’on vous écrive lorsque vous étiez vous-même un.e jeune poéte.sse ? » Quoi de mieux que la lettre comme cadre commun pour pouvoir rendre compte de la double adresse offerte par ces deux questions ? « Ce que je t’écris est ce que je m’écris. Je ne sais pas qui tu es, m’écriras-tu à ton tour une lettre ? J’ai le désir d’un nous, nous de rituels, d’engeances et de pertes, d’un nous sans âge, sans corps même. » écrit Milady Renoir – avant de laisser ses coordonnées. Ce que la double adresse permet : briser les verticalités. Comment les transmissions circulent-elles ? Liliane Giraudon : «  Sans partenaire, les dauphins se branlent contre un corail. Alors pour ce qui serait de l’absence de partenaire-lecteur, on peut toujours trouver des solutions. » Lettres aux jeunes poétesses réunit une communauté armée et démunie, grave et onirique, drôle et pragmatique, pour un sabbat de Shéhérazades aux prises avec un corps aux mille et une réalités : écrire. Fantasmes dépecés, conseils dévissés plutôt que donnés, sans unisson : nos 21 poétesses disent toutes ce que cela sauve, remue, déplace, transforme, manque, retire, de s’atteler à (se) dire. Comment prendre langue permet de prendre corps, aussi : « Ce qu’écrire nous fait ? Ça nous tue : en beauté. Sans doute est-il là, le partage. Dans ce qu’écrire griffe à (la) mort. Savoir que tu es là, que toi aussi tu fais l’écart, bien sûr que cela sauve… » (Edith Azam)

éd. L’Arche, 2021
144 pages
15 euros