BADDOURA Ritta | Arisko Palace

Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Arisko Palace de Ritta BADDOURA
DISSONANCES #27

arisko

Un garçon tombe du haut d’un balcon du cinéma Arisko Palace. Tragédie intime et amorce du texte. A partir de cela, la poètesse nous offre une variation, un travail de réécriture de la chute, de l’acte de tomber. «  Je déboutonne mon manteau puis le col de ma robe. Je veux qu’il voit ça en tombant le garçon.  » Qui tombe finalement ? Ce gosse ? Une nation en guerre ? Un peuple tout entier courant sous les bombes ? Une petite fille apparaît à son tour. « Des peuples entiers venus de tous les côtés de la mer. Les mains vides ou chargés d’animaux d’armes de machines et d’arbres de toutes sortes. En équilibre sur la rampe ils sont impatients. La petite aussi se tient tout là-haut. Elle a perdu ses parents dans le désordre. Et son prénom et son âge.  » Au sein du texte vient se lover l’artillerie, les fragmentations, la panique, mais tout cela tombe calmement, ça pourrait presque être très doux, déposé là comme un flocon. « J’avance difficilement au milieu des décombres. Je distingue le garçon par terre dans le tic tac de la bombe scotchée à son torse. Tic tac. Je me penche et murmure à son oreille. » Ritta Baddoura est libanaise et né à Beyrouth. Son blog où elle écrivait lors de la guerre de 2006 a touché des milliers de lecteurs et a été cité par le New York Times. Elle a aussi été récompensée par de nombreux prix. C’est assez plaisant de voir que le talent peut parfois rencontrer de nombreux lecteurs. Justesse, précision et haute sensibilité nourrie avec une temporalité émotive dégoupillée. C’est encore peu dire de ce texte. Le mieux étant encore de le lire. De tomber.

éd. PLAINE Page, 2013
50 pages
5 euros