JOURDE Pierre | La Présence

Coup-de-coeur d’Alban LÉCUYER pour La Présence de Pierre JOURDE
DISSONANCES #22

la présence

C’est une histoire de la transmission. Des objets, des disparitions, des noms ; de quelques manques aussi, et de tout ce qu’on doit y mettre pour les remplir un peu. La Présence explore le territoire du dedans, du profond, à partir d’une chambre à coucher qui ressuscite les sommeils intranquilles de l’auteur. Nous revient la mémoire de nos premières insomnies, de la présence indistincte d’un autre à l’intérieur de nous ou d’un masque outrancier dans l’encadrement de la porte. On cesse alors de visiter un lieu pour s’enfoncer à la verticale précise des peurs et des mondes jamais déconstruits de l’enfance. En attestent les traces de pas qui nous accompagnent, avec un peu de la terre de nos origines qui colle aux semelles et salope les surfaces trop lisses de nos achèvements adultes. Jusqu’à la fin on se risquera au-delà de toute représentation, là où l’on voit « les choses telles qu’elles sont lorsque nous n’y sommes plus ». Là où l’on ne croyait pas qu’un jour les mots suffiraient à contenir l’immensité absurde et collective des jours à venir.

éd. Les Allusifs, 2011
87 pages
11 euros