ZARCA Johann | Braquo sauce samouraï

Coup-de-cœur d’Alban LÉCUYER pour Braquo sauce samouraï de Johann ZARCA
DISSONANCES #38

« Je me faufile vers la sortie, une meuf ultra-michto s’accroche à mon bras :
– S’te plaît Mec, je t’en supplie, laisse-moi t’accompagner !
Je la dévisage et dans la lumière des spots, reconnais Stormy Daniels, l’actrice de films de boules. »
On aimerait croire que le roman débute à Miami Beach dans l’atmosphère survoltée d’une boîte de nuit néons, où les heures moites se comptent en bouteilles de champagne glacé et en biatchs siliconées, mais Braquo sauce samouraï nous plonge dans l’ordinaire de trois baltringues, Mec, Mayo Kid et Lakhdar, bien décidés à monter le bail le plus foireux de tous les temps : taper le magot des frère Perez, les rois du grand banditisme et de la night parisienne.
Foireux ? Pas parce que l’équipe ne dispose ni de plan, ni de voiture, ni d’armes, mais parce que la soeur de Mec va réussir à s’incruster dans l’aventure et que l’auteur-narrateur nous prévenait déjà dans sa dédicace : « À l’humanité tout entière, sauf à ma soeur. Elle, c’est une grosse bouffonne. »
On retrouve ici le personnage créé par Zarca, loser multirécidiviste qui ne doute jamais de rien, surtout pas quand il se retrouve à fuir par les égouts, quand tout Paname se fout de sa gueule et que sa seule chance de s’en sortir, c’est de défoncer une partie de poker manouche. « Je me retiens d’exploser de joie, histoire de bluffer jusqu’au bout. Chanmé, je suis trop guèze ! Mon jeu est bof,
mais eux, ils ont que dalle. Je vais les enculer à sec. »
La langue de Johann Zarca, farcie de raclis (filles), de dreupe (poudre), de bzèzes (seins) ou de lovés (thunes), fabrique la matière d’un univers attachant, puant comme un couloir de métro à 2 h du mat et lumineux comme un lever de soleil sur Montmartre.

éd. Fleuve, 2019
166 pages
15,90 €