Coup-de-cœur de Romain PARIS pour Brasil à hauteur d’ondes de Bruno SIBONA
DISSONANCES #42
Avec Brasil à hauteur d’ondes, Bruno Sibona fait d’une virée au fil d’une Amazonie animiste et des territoires rouges et arides d’un Brésil hallucinatoire une odyssée à la jonction du Vivant prodigieux et du Delta stellaire. Et avec Oratorio Guérison (qui prolonge l’ouvrage), il nous introduit dans un Sabbat d’Exorcisme qui nous charrie par-delà une photosynthèse liturgique, au gré d’un écosystème aux mythologies souveraines et clandestines, dans une Ribouldingue Sidérale aux fructifications capiteuses de Tragédie Antique. Mais il ne s’agit là que de chimères ataviques où l’ADN et l’Ouroboros, Serpent Cosmique, ne font plus qu’un. Homme Blanc, il s’efforce pourtant avec une autodérision judicieuse d’ouvrir son écriture à la linguistique de la forêt, à ses analogies cathartiques et à ses satori pollinifères. Antédiluvien mais toujours en lévitation aux frontières natives de la Luxuriance Sylvestre et de la Mort, le savoir indien distingue une conscience par-delà l’eurythmie évocatoire de la faune, des palmes, des fleurs et du souffle fertile de cet Empire Cryptuaire. À chaque instant un Esprit se tient prêt à jaillir de ce Sanctuaire de Chlorophylle, et ça altère, illumine ou régénère, certes, qui l’explore ou s’y vautre. À coup sûr, si nos certitudes d’occidentaux foutraques s’échouent contre ce récif du Carbonifère, c’est parce que la Biosphère Capitaliste de l’Anthropocène nous a arrachés trop tôt à son Panthéon organique vivificateur. Alors, engouffrons-nous y afin d’abreuver notre finitude à cette Galaxie phréatique sans limites : « Des graines comme des papillons. Des oiseaux comme des papillons. Des papillons comme des tourbillons de fleurs enflammées. »
éd. PhB, 2017
133 pages
10 euros