DISSONANCES #33 | FUIR
Échappatoires
« Et ce désir de fuite ne t’avait mené qu’à une chambre d’hôtel de Moscou
où tu t’attendais presque à retrouver le dernier poème d’Essessine, laissé dans la chambre d’hôtel où il s’était suicidé, écrit avec son propre sang
Au revoir, mon ami, sans geste, sans mot,
Ne sois ni triste, ni en chagrin.
Mourir en cette vie n’est pas nouveau,
Mais vivre, bien sûr n’y est pas plus nouveau
une chambre d’hôtel pareille à toutes les chambres d’hôtel
chambres pauvres maculées de passades où le sommeil se recroqueville au creux du lit comme un chien crevant au fond d’un fossé, chambres riches au passé astiqué de petit palais dérisoire où le corps s’allonge et s’étire sur le drap comme un lévrier de porcelaine sur le linteau d’une cheminée, chambres neuves de voyageurs qui n’y passent que quelques heures, jamais vacantes mais toujours vides, où l’on tente d’oublier le désert de la nuit en se livrant aux… »