DISSONANCES #28 | AILLEURS
Au point de n’avoir plus d’âge
« J’ai grandi dans la certitude que je tenais le monde dans mes mains en scrutant les cartes que les géographes avaient dessinées. Je devais peut-être cette conviction à mon père qui, par ses longs voyages, me contraignait à le suivre en promenant mes yeux sur les planisphères. Et parce qu’il dessinait les cartes marines, je tenais pour acquis que l’on n’est jamais perdu tant que l’on peut tracer les lignes méridiennes et encoder la topographie sur une feuille de papier. Au désert, sans carte et sans boussole, j’ai dû apprendre à regarder la forme des pierres, des dunes, des arbres, apprendre à naviguer à vue comme on le fait aussi en mer, non loin des côtes familières. Mais rien n’est naturel, pas plus en mer qu’au désert. La connaissance de l’espace procède d’un héritage ancestral doublé d’un apprentissage quotidien. Le désert ne peut… »