Lili PLASTICIENNE a illustré DISSONANCES #29 (thème : TABOU)
Dans les créations de Lili PLASTICIENNE, le mot tabou résonne aussi bien dans son acception première – en lien avec le sacré – que dans celle de chose interdite.
Le sacré s’inscrit dans des images détournées par connotation à travers les textes ou les mots collés. Les idoles et les croix n’habitent plus le lieu sacré mais s’accolent à des situations de rencontre ou d’émotions particulières. La stratification et l’association parfois étonnante ou incongrue des personnages forcent les contradictions de la métaphore. Le tabou exprime un caractère contagieux et dangereux, c’est la chose dont on ne peut pas parler, par crainte ou par pudeur. Chez Lili PLASTICIENNE, il n’y a pas la crainte du courroux céleste mais parfois celle de l’Autre : l’Autre qui meurtrit, qui part, qui oublie, qui se souvient, qui cherche… Aucun sujet ne s’interdit et les créations se teintent à l’occasion d’humour noir. Le spectateur déambule dans le visuel, y créant un chemin, le sien, qu’il conçoit avec ses propres tabous. Les temps également s’imbriquent : le passé se reflète dans le présent et la nostalgie frissonne.
Ainsi, Lili PLASTICIENNE propose-t-elle une création aux multiples possibilités de lecture – ce qui est le propre de toute œuvre artistique – mais elle souligne la notion de tabou en croisant les portraits, les idoles, les situations : elle bouscule le tabou, le spectateur crée le sien.
Nadia GILARD, 2015