Corinne LE LEPVRIER a illustré DISSONANCES #37 (thème : IMPUR)
Quand je me présente, je dis souvent que c’est contre le tout venant de la parole que j’écris ; entre isolement du fragment, lignes, blancs et narration fabriquer du continu (est mon utopie intime et politique). Que le poème vient de et tend toujours vers sans tout à fait, mais on ne peut pas non plus dire jamais ; quelque chose avance même infime, intime. Puis j’ajoute qu’à chaque fois une manière/matière de rentrer dans le récit, réinventer un angle d’attaque ; est-ce la guerre ? Possible. Alors je crois ma langue « affective, affectée » (que j’aimerais tant affectueuse).
Née et revenue dans le Finistère. Depuis 2012 depuis la poésie, passe le plus clair de son temps à travailler le sujet autobiographique, a publié une dizaine de recueils, des livres d’artistes, en anthologies, revues. Lit avec plaisir ses textes à voix haute et nue, ou adossée à une composition musicale. Création de pièces sonores (collectif Ecrits/studio). Dans un autre registre (mais pas tant que cela) anime des ateliers d’écritures.
C’est aussi à travers la photographie, le collage que je lis, écris, interviens et poursuis sourire. Je suis venue à nous ici avec cette phrase d’Herta Muller « Ecrire ou coller, aucune différence » (in « Sortir de l’impasse »). C’est peut-être ça oui sortir de l’impasse de l’expression/dépression. Découper-tourner-recoller le monde dans la recherche d’une prosodie visuelle.
Par nature le collage est impur ; hétérogène, hétéroclite, composite hybride, mêlé. Le collage « à la main » est opérer des gestes tout proches d’écrire, c’est-à-dire redire disjoindre, morceler, séparer, puis ou depuis ou dans un même mouvement rejoindre, lier, synthétiquement installer ailleurs, placer quelques parts, arranger (entre eux) des petits ensembles. Réparer peut-être des lieux des êtres. Il aura fallu déplacer/se déprendre des choses, perspectives, corps, totalement ou en partie, déployer les doigts qu’ils précisent ; comme ce serait une espèce de chirurgie plastique je fais attention. L’impur est dit altéré par la présence d’éléments étrangers, composés de sangs différents, indésirables ? Des dialectiques m’ont travaillée, traversées de l’impur/pur ; puissiez-vous les apprécier.
Corinne LE LEPVRIER, octobre 2019
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