Frédérique LOUTZ a illustré DISSONANCES #27 (thème : ORGASMES)
Actes jouant un rôle sous le masque de la nudité, les dessins de Frédérique LOUTZ se donnent en spectacle absurde : un secret se dévoile tout en recouvrant ce qu’il veut montrer. Le grotesque tente la grâce : des femmes se saluent de leur chatte, des queues se décuplent avec délicatesse. Une imposante obscénité se pousse hors de la perspective pour libérer notre regard et l’ouvrir sur le comique de la tragédie de nos vies.
Et l’orgasme vient lorsque nous n’attendons plus rien de nous-mêmes.
L’objet récurrent dans ces dessins est le corps, corps humain et corps des objets : membres, faces, postures certes, mais aussi gant, cruche ou escalier. Un paysage ou un bouquet de renoncules s’incarnent par l’emploi d’une syntaxe différente – même une maison n’est plus ici telle que nous nous la représentions.
L’artiste plonge puis nous tire vers ce qui surgit de la feuille, sans nulle préméditation pourtant : aucun concept ne s’élabore ou ne s’illustre par ses traits. Subsiste l’illisibilité du monde que seuls le fragment et le moment peuvent encore signifier, qu’ils inventent et pervertissent simultanément. Ces dessins se comportent envers le réel comme les histoires de KAFKA ou de BORGES : ils effacent toute indication en devenant un monde propre. Ils sont l’unique possible histoire de ce qu’ils racontent. Il n’y a pas ici de couverture à travers laquelle autre chose transpirerait.
À la question comment tout ceci se veut-il orienté, politiquement ou sexuellement ? les figures de Frédérique LOUTZ répondent de façon privée.
Et les blagues, en cette langue comme en tout ébat, closent le débat.
Ernesto CASTILLO, 2014