PEY Serge | Qàu

Coup-de-coeur de Christophe ESNAULT pour Qàu de Serge PEY
DISSONANCES #24

qàu

Partition en rouge et noir. La disposition graphique croasse (un chant). Manifeste non nommé. Une contemporanéité de la contre-attaque. Face au monde le poète affûte ses combinaisons de mots qui claquent comme des phrases définitives libres perforant la cible. « Sur Internet on trouve des reins à vendre aux enchères pour 600 millions Les fantômes des ouvriers Mowacks continuent à voler entre les tours de Manhattan QÀU QÀU QÀU QÀU QÀU QÀU QÀU QÀU. » Serge Pey, ami intime des corbeaux ne range pas son lance-pierre. L’ennemi est protéiforme, institutionnalisé… Il y a quelque chose de périlleux à aborder le « politique », « les injustices », « à se positionner devant l’Histoire (qui se poursuit) ». Seul un grand poète peut y parvenir en se muant en musicien. « La musique cache un pistolet dans une manche et de l’autre une colombe gonflée de clous QÀU QÀU QÀU. » Serge Pey est un authentique poète performeur (le terme est trop souvent frelaté) aux influences chamaniques. Ecrivain de référence dans un microcosme à la marge, il est une figure emblématique de ce que la poésie sonore propose de meilleur.

éd. Dernier Télégramme, 2009
117 pages
15 euros