Coup-de-cœur de Nicolas LE GOLVAN pour Pas de printemps pour Acapulco de Pascale PETIT
DISSONANCES #45
Ce n’est pas parce que j’ai enfin acheté le livre élu à ma lecture, parce que j’ai assez picoré en ligne le prémâché critique toujours existant (si j’étais plus paresseux, tiens, je te copierais, car aucun livre n’est vierge de prolégomènes parasites, celui-ci autant que les miens : OK, « j’érotise les lubrifiants », pardon), ce n’est pas parce que, de la merde langagière (« on reste en contact »), de la courante médiatique (« pourquoi payer plus cher ton monte-escalier ? ») et des mille lapalissades vues à la télé (« les afghanes ont les yeux verts »), Pascale Petit fait jaillir des lingots poétiques (« j’ai envie de QI » (oh que oui !), « je respire profondément pendant les heures creuses » (toi aussi ?)), qu’elle agence comme un bouquet neuf d’hypermarché (« la vue sur mer n’est garantie qu’un an »), pour un logos plus foudroyant car trompeusement accessible, déminé de ses intentions mercantiles égotiques (« j’aime mon sac i love my bag / et mon portable peut me dire le prix du kilo de bananes ») ou juste débiles (« t’es plutôt : motoneige ou soirée cosy dans l’igloo ? »), ce n’est donc pas parce qu’un livre de poésie est d’emblée excellent et terriblement moderne (« ça se passe en ce moment et on y est »), rien qu’à l’éventer de loin puis de très près, que je ne vais pas le relire sérieusement ? Justement non.
Parce que (souffle !), en vérité, l’expérience poétique, ça ne te caresse pas seulement (« je souris à la fin des phrases », mais ça t’enjoint (« clique pour agrandir / tu verras tout l’univers »), ça te pince en t’embrassant (« demande pas ta mutation / demande ta métamorphose »). En somme, ça trisse : des coups de latte, un baiser… mais là, tiens, tout est copié, pardon.
éd. Série discrète, 2022
72 pages
14 €