DISSONANCES #26 | ANIMAL(S)
Manimal
« L’animalcule que voilà, comme un pan qui s’ouvre en toi, et tu tentes d’esquiver l’attaque. « Yse, Yse. » Tu t’enfonces dans ce fauteuil en skaï qui autrefois accueillait les sévices, et regroupes tes souvenirs. La Maison. Vieux. Vieille. Les invités.
Aux murs du salon, tu revois les aquarelles que Vieille peignait entre deux crises, des paysages de forêt tropicale, aux couleurs criardes, que tu passais des heures enfant à scruter. Elles sont aujourd’hui couvertes de poussière. Quand tu les regardes vite les unes après les autres, tu distingues le mouvement d’un couple nu dans la verdure, sautant des palmes géantes aux palétuviers dont on ne voit pas la cime. Comme avant, tu te mets à gratter légèrement le mur, pour y écrire ton nom. « Yse. » La Maison est telle que tu l’as laissée il y a vingt ans quand tu as fui, seules les teintes du papier peint ont changé.
Au centre d’épanchement, l’autre jour, le thérapeute t’a encouragé : « Vous devriez y retourner. Oui ? C’est important dans votre processus de recouvrement. Il faut se confronter au lieu, et défaire les limbes. Non ? On appelle ça repeindre une station, dans notre… »