Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Mon cri de Tarzan de Derek MUNN
DISSONANCES #23
Etrange et puissant livre que Mon cri de Tarzan : son personnage central, où qu’il soit, quoi qu’il fasse, flotte au milieu de nulle part et c’est là, en Afrique – mais presque par hasard et sans que cela soit plus que ça signifiant – qu’il se fait déposer pour y tourner tout seul un « petit film indépendant, pour ne pas dire marginal, fait avec rien, racontant encore moins et vraisemblablement destiné à rester invisible » car sans autre projet que peut-être trouver du sens si tant est qu’il y en ait, et puis du sens à quoi ? Paradoxalement, c’est vraiment passionnant : quarante-deux textes courts et non chronologiques font une narration comme une introspection où la pensée s’égare sans y perdre son fil, avant pendant après se percutant en tant que présents autonomes dans le réseau desquels se constituent une œuvre (le film comme le livre) et une de ces crises où la vie accélère puis dérape et bascule, changeant de direction. Il est question ici de création bien sûr, mais plus encore sans doute de rapport au réel, de relation à l’autre et de dépossession. Avec une acuité et une concision des plus impressionnants.
éd. Léo Scheer, 2012
126 pages
17 euros