LE QUERREC Perrine | Le Plancher

Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Le Plancher de Perrine LE QUERREC
DISSONANCES #25

plancher

A l’origine, il y a les faits : né en 1939, un jeune paysan est appelé sous les drapeaux en 59 et se retrouve para en pleine Guerre d’Algérie ; il en revient pour reprendre la ferme familiale lorsque son père se suicide ; lorsque sa mère meurt, il l’enterre dans la maison, cesse de s’alimenter et grave dans le plancher – sur 15 m2 – un texte halluciné sur lequel il mourra sous les yeux de sa soeur, sept mois après sa mère, à l’âge de 33 ans ; découvert en 93 par des brocanteurs, le plancher est acheté par le psychiatre Guy Roux (qui publie en 2005 une Histoire du plancher de Jeannot aux éditions Encre et Lumière) puis vendu à un laboratoire qui le cède à l’Hôpital Sainte Anne devant lequel il est aujourd’hui exposé… Puis il y a Le Plancher de Perrine Le Querrec qui plonge dans les faits et se les approprie et les ramène là vécus de l’intérieur, pure transe poétique d’une urgence absolue et de toute beauté et plus que chant un cri tout en palpitations-syncopes-arythmies (« Creuser là. Pour maman. Pas ailleurs. Ils vont pas nous la prendre. Elle est à nous, à nous, à nous. ») qui nous jette à la face l’enfance fracassée, et l’immense solitude de ceux que leur pureté condamne à la folie : c’est de très haut niveau. Incontournable donc.

éd. Les doigts dans la prose, 2013
130 pages
15 euros