LARRUE Arthur | Partir en guerre

Coup-de-coeur d’Alban LECUYER pour Partir en guerre d’Arthur LARRUE
DISSONANCES #25

partir

L’homme qui vient de quitter sa petite amie pour se réfugier dans l’appartement vacant d’une duchesse géorgienne va bientôt vivre les heures sans fin d’une Russie moribonde. La cuisine est squattée par les membres du groupe anarcho-artistique Voïna (« guerre »), qui luttent contre la Peur à grands éclats d’un rire à déboulonner les statues. Plus haut dans l’immeuble, une voisine paranoïaque les espionne sans rien y comprendre, parce qu’en définitive l’Histoire échappe toujours à ses contemporains. L’air saturé d’odeurs mouillées encrasse la mécanique du temps et dans le bureau du sergent Komarov, chargé de traquer Voïna, un serrurier inachève sans cesse la réparation d’une poignée de porte. Un récit nocturne, coincé entre la fin de l’été et le début de la saison du chauffage collectif à Saint-Pétersbourg. Les existences se répètent en boucles kafkaïennes et il semblerait que « le monde tourn[e] trop vite pour qu’on l’immobilise en le changeant en idées ». Unique remède au froid et au jour qui ne revient pas, l’ironie acide de l’auteur qui se mêle aux actions hilarantes de Voïna.

éd. Allia, 2013
125 pages
6,20 euros