LACAZZI Arielle (extraits)

DISSONANCES #27 | ORGASMES
Le Pen à jouir

« Je revois le mur sur lequel ces mots peints à la hâte, d’une taille démesurée : « Je suis homme avant d’être Français » et la fierté que je concevais d’en comprendre le sens, chaque fois renouvelée, lorsque notre voiture le longeait, tout près des quais de Seine. Par contre, celui qui portait l’inscription « Le Pen à jouir », à la sortie de Fontainebleau, ce graffiti-là m’échappait complètement. Et, même si je percevais qu’il contenait un univers de sous-entendus adultes qu’il me tardait de pénétrer, je n’osais en demander la pleine signification. Non pas que j’ignorais qui était Jean-Marie Le Pen. Mais « à jouir » ? Et puis cette construction sémantique, vraiment. Incompréhensible.

Le jour où je finis enfin par percer le mystère, cela me fit beaucoup rire. Nous roulions vers la maison, ma mère et moi. Elle me demanda ce qui m’amusait tant, je me gardais bien de lui répondre. La veille, dans un de ces gigantesques hypermarchés, j’avais eu le mauvais goût de lui… »