DISSONANCES #44 | SILENCES
À portée de doigts
« Autour du feu de camp nos discussions s’échardent – debout assis quelle que soit la position ça n’est pas viable il faut que je bouge – je pars : je pars – je reviendrai peut-être en courant – et pourquoi faire, pour dire un certain flot, je ne sais même pas qui est là, les silhouettes se distinguent à peine derrière la fumée du brasier, je reconnais parfois des yeux qui me guettent – irons-nous baiser en silence derrière les arbres quelques heures plus tard ou bien resterons-nous là dans le flou de nos fumées contondantes le malaise toujours à portée de doigts – je tendrai la main car il est si doux ce toucher des paumes qui se froissent pour se dire les mots qui ne sortent pas – quand les mots sortent ils dégringolent ça éclate depuis les épaules et les dos courbés et les genoux croisés en bulles noires d’encre toute prête à couler et dans l’air quelque chose se casse comme un plafond de verre ou la toile cirée de la table trop bien mise – est-ce que l’on jouera encore à ce poker puant où l’on se bluffe chacun son tour car on n’est pas vraiment nous – les mots s’envolent gonflent l’air se charge de ces montgolfières brûlantes et c’est maintenant les cheveux qui crépitent – peut-être mon visage a-t-il… »