FOURVEL Christophe | On dira qu’on a gagné

Coup-de-cœur d’Alban LÉCUYER pour On dira qu’on a gagné de Christophe FOURVEL
DISSONANCES #45

«  Encensons la passion du football comme certains écrivains ont su le faire des stupéfiants ou de l’alcool ; comme une descente dans le plus bas de soi qui possède la beauté reflétée des soleils noirs. »
Dans ce court essai parsemé de fulgurances, Christophe Fourvel prend prétexte des liens qui l’unissent à l’Olympique de Marseille pour parler de gloires (forcément éphémères), d’élégance (sous une douce forme cathodique et surannée), de passions (de grandeurs collectives et de déceptions intimes). Depuis le déchiffrage phonétique et maladroit d’un graffiti («  Allez l’Homme  ») un jour de ses cinq ans, jusqu’aux corps industrialisés de l’équipe contemporaine, l’auteur donne à voir la part sensible et dramatique de l’OM et, bien au-delà, la capacité des guerres inoffensives du football à nourrir des mythologies personnelles, familiales et amicales. «  J’aimais ce moment où la magie d’un but devenait laborieusement la réalité d’un chiffre. Ce passage du fantasme au tangible, de la jouissance à l’algèbre, de la seconde enfuie à la durabilité attestée par un tableau d’affichage. » Christophe Fourvel appartient à cette catégorie d’afficionados hypermnésiques des scores, des patronymes, de la mappemonde des clubs.
Son récit, empreint d’une nostalgie lucide et d’une mauvaise foi assumée, fait entrer le jeu dans le champ social en lui conférant une aura tout à la fois mathématique et géopolitique, romantique et artistique. Qu’on aime le foot, qu’on s’en désintéresse royalement ou qu’on adore détester les supporters et leurs excès, on trouve dans On dira qu’on a gagné un magnifique exemple de littérature intime et sportive.

éd. Médiapop, 2021
54 pages
9 €