Coup-de-coeur de Sophie WESTENDORP pour Les fidélités de Diane BRASSEUR
DISSONANCES #27
C’est d’une banalité affligeante et il le sait. Tomber amoureux à 54 ans, après 19 ans de mariage, d’une femme de 31 ans. De ses cuisses fermes, de sa peau lisse, de son insouciance. « Je voudrais qu’ils aient tort ceux qui nous regardent un peu trop longtemps, dans la rue, au parc, au restaurant. Ceux qui m’adressent un sourire viril et complice, comme si j’étais au volant d’une belle voiture. […] J’ai une maîtresse, j’ai une liaison. Je suis infidèle. Je le répète mentalement plusieurs fois par jour pour m’en convaincre. » Mais très vite, les certitudes se brouillent : à qui le narrateur est-il réellement infidèle ? A sa femme vers qui il revient encore et toujours, en actes comme en pensées ? Ou bien à sa jeune et confiante amoureuse, qui le croit tout à elle ? Parfois, il ne pense qu’à celle qu’il tient dans ses bras. Et puis parfois il ne pense plus qu’à l’autre. Il pourrait quitter sa femme, il a les moyens de divorcer et aucun enfant en bas âge ne le retient. Mais en a-t-il vraiment envie ? Laisser sa brosse à dents et descendre les poubelles signifie-t-il que l’on s’est créé un nouveau foyer ? « Alix regarde mon couple comme, plus jeune, je regardais celui de mes parents. […] Pense-t-elle que le vendredi soir, pour m’accueillir à Marseille, ma femme m’embrasse sur la joue ? Ou alors elle dépose sur ma bouche un petit baiser si furtif que nos lèvres se touchent à peine ? […] Alix pense-t-elle que ma femme ne me fait plus jouir ? Ou préfère-t-elle ne pas y penser ? » Quelques heures de la vie d’un homme qui tente de faire un choix. Et la preuve qu’un grand roman peut surgir d’une trame éculée.
éd. Allary, 2014
174 pages
16,90 euros