DESTAL Arnault (extraits)

DISSONANCES #34 | TRACES
Un sale quart d’heure

« – Vous devriez pouvoir faire l’impasse sur le Luminol.
Elle avait dit ça comme on regarde un feu d’artifice dans une ville que l’on rêve de quitter. Il faut dire qu’il y en avait jusqu’au plafond. Les traces de transfert se mêlaient aux projections et aux tâches passives dans une orgie de dégradés donnant à la pièce la mesure du carnage.
– Vous en pensez quoi ? demanda l’homme.
– Qu’on a passé un sale quart d’heure.
Il ajusta son écharpe en s’examinant dans le psyché flanqué dans un coin. Le miroir n’était pas épargné par les stries contaminant l’espace. Par chevauchement, son reflet portait les marques du drame qui s’était joué là. Immobile, une balafre semblait découper son visage en deux, tandis que sa veste se parait de marbrures grotesques. Il pivota pour s’extraire du cadre et s’épargner cette version sauvage de lui-même.
– Quand je dis sale quart d’heure, précisa-t-elle en se dirigeant vers la… »