DISSONANCES #18 | ENTRAILLES
Petit précis de l’entraille
« L’entraille ne se met point au singulier. Que penser d’une entraille esseulée, mélancolique, qui boudine à part ? L’entraille doit être collective, plurielle, spaghettonique, pour que la vengeance, la colère, les passions obscures soient d’enchevêtrés serpents qui se hérissent ; et que l’éventrement garde tout le ressort d’un acte monstrueux.
Rien moins que solitaire, toujours tribale ou politisée, l’entraille est aussi l’envers de notre superficialité. Sa torsion cache cent plis, et chacun de ces cent plis, mille recoins, lesquels ont des tréfonds qui donnent sur des abysses. En comparaison, l’origami de l’homme fait plaine, et son jabot a l’air d’un slip.
C’est que notre espèce a beau compliquer, assouplir ses arts plastiques, intriquer l’espace pour que le réel enfin s’y glisse, tout y demeure la proie de nos yeux, et manipulable ustensile.
Tandis que l’entraille, œuvre entre toutes enfouie, vit de n’être pas extirpée par la vue ; et cèle dans ses fractales l’anonymat d’… »