Coup-de-coeur de David MARSAC pour Post-Mortem d’Albert CARACO
DISSONANCES #24
« Heureux les chastes ! Heureux les stériles ! »
La noirceur d’Albert Caraco possède un côté farce. Ce grand petit livre, que republie L’Âge d’homme, invite le lecteur à aimer la pensée absurde et outrancière de ce bilieux hors normes, mais sans jamais y adhérer (un idéal de mollusque).
« Seigneur ! épargnez-nous de ressembler aux larves ! »
La fureur tranquille de Caraco dégonde à chaque ligne la pensée qu’elle exprime au point de la rendre inutilisable. La maxime s’étrangle dans un fou rire en cet hommage bizarre à Madame Mère. Ce livre est son tombeau à lui autant qu’à celle dont l’auteur fait la femme de sa vie stérile.
La puissance de ce livre se déploie dans l’expression d’un quotidien auquel Caraco revient sans cesse, dans un mouvement constant d’oscillation. Le monde concret surgit au cœur d’une syntaxe éthérée et s’abolit dans la négation immédiate de la vie. L’écriture en devient troublante, la pensée souple en ses ressassements. La vie abonde malgré la déshydratation d’une émotion partout présente.
éd. L’Âge d’Homme, 2012
128 pages
12 euros