Coup-de-cœur de Nicolas LE GOLVAN pour Sanités de Carol-Ann BELZIL-NORMAND
DISSONANCES #48
Ami(e) d’inclusion, ton critique fait sa crise. Étymologiquement, il se divise devant le choix du… genre (aïe !). Un pied in & out ma propre tombe intellectuelle de mâle surdéfini… Chronique minée…
Donc, puis-je sincèrement lire girly ? Chroniquer légitimement la Québécoise sans clichetonner, sororiser, autoflageller et sans fatalement fourguer du « tabernac… » ?
Heureusement, Sanités est vivifiant : « aller au Japon / souvent j’y pense / bienvenue au rodéo de la convenance », vraiment et faussement superficiel : « écrire une lettre offensante, vivre sans fond de pension, lancer un frisbee sur des marmottes », typoludique : bleu blanc rose gold, ancré dans l’insuffisance du réel : « choisir ou pas la maternité / scanner en 3D / une forme de réel », mineur puis abyssal : « ne pas lire / cette dernière ligne pour désobéir ou séduire / se faire souffler un rejet de plus / pour enfin tout finir en sous-entendu », subreptice : « combien la fêlure / pour ne pas disparaître », tellement qu’entre le dernier poème et les remerciements, on y croit encore : « Merci à Émilie St-Pierre » !
Même après, le triptyque fermé, ça défile encore au code-barres et c’est moi que revoilà, mais vivifié(e), superficiel(le), (dés)ancré(e), subreptice (souvent j’y pense) : moi(e) quoi ! Un vrai critique-Tirésias, à vouloir en causer ici aux dieux (toi, oui, l’Ami(e))… même si, d’accord, c’est encore un peu au rodéo de la convenance.
Alors quoi, aveugle ? En vérité, me voici juste démasqué, scanné, séduit, raplati, et sans e : « Ivresse d’une lecture trop courte / mourir au creux du titre / se complaire pendant une révélation choquante / s’auto-expliquer le reste / pas grand-chose de plus ». Fin et suite de la crise.
éd. Moult, 2020
92 pages
15 $ (oui, bon, le Québec, quoi !)