BELLEVEAUX Jean-Christophe | Territoires approximatifs

Coup-de-cœur de Romain PARIS pour Territoires approximatifs de Jean-Christophe BELLEVEAUX
DISSONANCES #39

Qui ouvrira Territoires approximatifs plongera dans un jus de langage brut farci splendeurs pirates. Par-delà « l’espace étroit du monde », notre conscience se trahira toujours à-travers ses futilités. Pour l’en préserver, il faut pratiquer une distanciation existentielle – apatride – aux Frontières Désolantes de la Lassitude. Les gouffres et les à-pics de la syntaxe évoquent les latitudes en vrac de notre planète et son calme plat dévastateur. L’introspection y est radicale, étant donné que « c’est sans doute ici que commence le merveilleux échec de la poésie ». Cette prose âpre – constitutive de l’avarie d’une liberté somptueuse – confronte le coup de foudre vital à la vacuité étourdissante qu’il dévoile. Éclaire la géographie de l’Absurdité Journalière. Les vocables caractéristiques de notre cafard quotidien nous servent aussi à chanter la grâce de ces frustes féeries qui nous charrient Outre-Ego. L’Aventurier de la Démence ordinaire sait qu’il lui faudra donc gribouiller son Cri dans le contre-jour des fanaux orthodoxes pour qu’enfin fleurisse le Désir du Jouir – D’ahurir les Exotismes Conventionnels qui nous font office d’Ailleurs sans Horizon. Il n’y a de fructueux que ces Épiphanies Chaotiques qui nous font valdinguer parmi les brisants du Néant Ambiant. Et une fois « entré par effraction dans l’obscurité du réel avec l’écriture pour lampe torche », on souhaite que cette dernière éclate à la face d’une Humanité trop mystérieusement ardente pour en tenir compte. Cependant, si la Galère de notre Cogito cingle malgré les maelströms sur les océans sémantiques offshores qui bercent notre Cœur Aphone, n’oublions pas que « les gréements de la raison se brisent et s’abattent sur le pont, où l’on demeure, transfiguré ».

éd. Faï fioc, 2018
103 pages
10 €