Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Marche lente de Jean AZAREL
DISSONANCES #22
Chant d’amour, Marche lente nous dit toute une vie qui est celle de l’aimée de celui qui écrit : elle est la petite fille batifolant céleste à ras de champs de blé et, soudain mise face à la violence des hommes, elle est interloquée ; et puis, le temps passant inéluctablement, elle est la jeune femme en recherche de sens, l’épouse, la mère, l’amante, et la compagne enfin ; elle avance, mûrit, un jour elle sera vieille mais elle reste la même que celle dans les blés qui est forte et fragile et se fait des histoires et vit dans ses magies. Elle est cette magie qui envoûte Azarel qui, par petites touches, la fait entrer en nous, et chacun des courts textes qui composent cette ode est une déclaration d’une délicatesse et d’une intensité qui ont cette magie qui fait sa poésie imprégnée des beautés, des folies, des saisons, des peines et des joies et des mélancolies d’un monde où il arrive, et c’est comme un miracle – et c’est le cas ici – que « le chagrin des jours cède à l’émoi de la naissance du présent ». On ne s’étonne donc pas qu’apparaissent ça et là Luc Dietrich, Jack Kerouac ou John Cowper Powys, lents marcheurs eux aussi : juste on se joint à eux. Et on en est heureux.
éd. Samizdat, 2011
72 pages
15 euros