AUTÉ Rodolphe | Bienvenu au bord

Coup-de-coeur de David MARSAC pour Bienvenu au bord de Rodolphe AUTÉ
DISSONANCES #25

auté

L’heureux lecteur est le fruit du hasard (ô libraire libre, mon ami). Escarpolette du livre ouvert sur un coin de table, quelques mots qui intriguent, éditeur minuscule : c’est fait. Le livre est acheté, Rodolphe Auté, bataillon inconnu (est-il soldat, marin), on est conquis, on est convié – au bord. D’une écriture en inventions grossières et fines (« jouir sur le marque-page »), pour toutes les langues, la belle et la bite : livre d’aphorismes aphrodisiaques, c’est la tête qui se dresse, pas la queue, la muqueuse endormie, c’est l’esprit en alerte sous le ventilateur des pages tournées, « pipi sur l’allumette », c’est une traînée de foutre, salace de crudités, pour s’affranchir la glotte – beauté d’Auté qui sait écrire l’urgence de la montée, l’appétit frais pour les irrigations sanguines, ça fouette la vie, ça crève la panse du romanesque fessu ventru foutu, dont on s’essuie à chaque rentrée. Là, au contraire, ça poète, ça sort, ça sourd, – Comment ? – ça rafraîchit le visage d’un jet  – la bise… Enfin, de l’air ! « L’hymen est un tambour qui n’applaudit qu’une fois. » (Aviez-vous remarqué qu’un livre ouvert figure la forme d’un cul ?)

éd. P, 2011
64 pages
8 euros