ANDERS Laure | Cent lignes à un amant

Coup-de-cœur de Christophe ESNAULT pour Cent lignes à un amant de Laure ANDERS
DISSONANCES #36

La collection Carné poétique de La Boucherie littéraire sait mettre très en valeur un court texte. Celui-ci est logé entre quarante pages blanches (vierges). Je suis daltonien gravement atteint mais, au risque de l’erreur, la couverture est d’un rouge écarlate. Ou carmin. Ou verte. Même avec cette marge d’erreur, il est certain que ce livre aux allures de carnet est fort joli.
Le dispositif est simple : 99 très courts textes commençant par « Je vous embrasse » et un centième qui commence comme il veut. Pas d’inquiétude, ça suffit parfaitement pour faire un livre, je vous l’assure : «  85. Je vous embrasse parce que je n’ai pas eu le temps de me donner à vous, parce que nous n’avons eu que des éclipses. » On pourra penser à l’Ouvroir de littérature potentielle, à Clémentine Mélois ou encore à Nelly Maurel. C’est aussi une réponse à une phrase que je vous laisserai découvrir : on ne va pas trop vous dévoiler ce livre d’une authentique fragmentiste. Il se trouve que j’en aime un certain nombre, de fragmentistes : cette chronique aurait pu être une liste de 99 fragmentistes + un romancier ennuyeux à mourir.
Mais je suis là pour aider votre amant, votre amante, à voir arriver dans ses mains ce Cent lignes à un amant. La question qui se pose ensuite étant : Qu’est-ce qu’on écrit sur les pages blanches ? On dessine ? On fait des collages ? On est trop timide, on les laisse blanches ? On les découpe et on fabrique des avions de papier sur lesquels on écrit : « J’ai envie de t’embrasser » ou « Si tu ne m’embrasses pas, j’embrasse ta mère » ? À vous de voir (de vivre). Les possibilités sont infinies.

éd. La Boucherie littéraire, 2018
72 pages
10 €