DEGROOTE Ludovic | Monologue

Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Monologue de Ludovic DEGROOTE
DISSONANCES #29

monologue

«  je m’appelle godeleine degroote, je suis morte dans un accident d’auto non loin de folkestone en angleterre le huit août mille neuf cent soixante-six » ainsi débute Monologue : par la voix de la soeur suivie de celles de son père, de sa mère et de ludo, petit frère de sept ans et auteur à cinquante d’un livre bouleversant tout fait de solitudes, d’amour et de douleurs, de mots très simples et forts (« méfie-toi du pathétique, petit ludovic, méfie-toi de toi  »), où le lecteur pénètre pour vivre du dedans (par points de vue successifs) le drame personnel qu’a fait de l’initial chaque membre fracassé d’une famille dévastée : godeleine mourait dans une voiture en feu pendant que ses parents discutaient (ou lisaient) tranquilles dans le salon puis ludo s’amusait dans sa chambre d’enfant quand « les cris de papa et maman, cette façon que je ne leur avais jamais vue d’être dans les bras l’un de l’autre, et moi qui leur demande pourquoi ils rient, à cause de toi, tu es morte et je n’ai rien senti », pour protéger sa femme le père empêche la mère de reconnaître le corps et la condamne ainsi au regret éternel de ne pas l’avoir fait, pour protéger son fils la mère dit à ludo que sa soeur « auprès de jésus » est heureuse et le « regarde » et « je ne peux rien lui reprocher, elle voulait me dire l’amour de dieu, j’ai entendu la peur de la faute  ». Ainsi chacun bricole fermé dans sa douleur, fait de son mieux, blesse, survit « puisqu’il n’y a rien à régler dans la vie que ce qu’il reste de vie » et puis ludo écrit… et ce texte habité comme j’en ai lu rarement est vraiment important.

éd. Champ Vallon, 2012
96 pages
11,50 euros