LABEDAN Daniel | Central Cosmos

Coup-de-coeur de Jean-Marc FLAPP pour Central Cosmos de Daniel LABEDAN
DISSONANCES #28

central

Cosmos est un quartier, une cité, une cage – comme en laboratoire (avec des rats dedans) mais c’est pas fait exprès (« Nous étions persuadés d’être sur la bonne voie, de progresser à la fois dans la conception, la méthode et l’organisation spatiale. […] Jamais je n’aurais pensé que Cosmos deviendrait ça. ») puis ça a tourné mal parce que des rats humains… Cosmos est un mouroir où se croisent, s’échangent, se bousculent, se déchirent les destins et les voix de Franck, 2Shoot, Neuville, Nast ou Princesse Stella qui est un peu de lumière quand elle va au Central danser sur le Velvet et « se fait payer des martinis / par des hommes qui lui racontent / des bobards, / et une fois ivre / trouve n’importe quel plouc / habillé chez Prada / aussi sexy que Steve Mac Queen ». Cosmos est sous tension : coincés entre périph, services sociaux et flics, entassés mais chacun isolé à crever, les rats se sentent mal et ce ne sont pas aux matches de l’Europa F.C. au Victory Stadium ni au centre commercial qu’ils trouvent à se calmer : ils deviennent méchants et se mordent entre eux, au point de se dégoûter (« comment on peut / s’acharner comme ça / sur une fille c’est dingue / complètement dingue / ouais ») alors, au bout du bout du déficit d’espoir, certains mettent le feu qui monte de partout au rythme haletant de textes électriques, coups-de-poing poétiques dont la scansion aspire et projette le lecteur direction l’explosion : palpitant, dense, violent, se lisant d’une traite (presque en secouant la tête) Central Cosmos secoue et se vit du dedans comme on écoute les Stooges : avec la rage, à fond.

éd. La Dragonne, 2009
64 pages
13,5 euros