DUDOUIT Samuel (extraits)

DISSONANCES #26 | ANIMAL(S)
Une petite messe de vide

« Sur le mur qui s’effrite, des petits chevaux couleur rouille s’enfuient dans la mousse. Nos forces à nous s’essoufflent un peu. Mourir debout, disait la lettre, mais c’était avant l’averse. Merci d’attendre en salle d’attente, derrière le brouillard. Merci d’attendre encore. On est sur une ligne de front. Les petits chevaux nous fuient. Leur rêve est plus intense. Quand tu fermes les yeux, tu rejoins presque l’herbe. Tu n’as plus rien à attendre. Il y a un chien qui te fait passer, comme s’il savait, lui, où se termine le refus, où commence l’échappée.
La pluie qui goutte sur le ciment sent la boue et l’aube. Tu décides de t’échapper et c’est une camisole qui t’attend. Les lisières sont plus bas, ferme les yeux. Pense aux petits chevaux couleur rouille sur le mur. La lente décomposition qui les emporte, c’est hier qui rejoint demain dans les herbes mouillées, dans le froid et l’absence de mots. La pourriture qui naît dans tes chaussures, c’est une autre lumière. Tu te parles à toi-même comme pour un rite de somnambule. Tes yeux poursuivent une trace, comme un pli dans le drap froissé de tes pensées. Adossé au bois de la porte ouverte, tout au bord du dehors, ton cerveau crapote une petite messe de vide où… »