BONMORT André | L’âme avance masquée

Coup-de-cœur de Romain PARIS pour L’âme avance masquée d’André BONMORT
DISSONANCES #37

Je me suis surpris à lire L’âme avance masquée comme si j’avais affaire là à un chapitre du Grand Livre du Souffle Vital, ou à un Cantique libertaire offert à l’incrédulité ambiante. On y plonge au cœur d’une prosodie de l’infiniment profond – aux hauteurs hors de proportion -, maelström réfractaire, libérateur, qui ébrèche dare-dare la noirceur des orages cérébraux mais qui se fait aussi infinitésimale illumination d’un envol subversif. Toutefois encore, il nous faut « Offrir en perchoir son bras à l’oiseau du dedans. » On festoie alors avec cette fichue Conscience Universelle, pour sûr, on surfe même sur la houle étincelante d’une clairvoyance de nature toute odysséenne. Ici, le Divin EST Sauvagerie toujours propre à engrosser l’organique sacral de notre Néant Intime. Notre âme, outre les trésors hallucinatoires de cette Dimension nuptiale tourbillonnaire et plantureuse, par son crawl forcené au fil de la Galaxie Existentielle, acquiert sa force et fait flamboyer son horizon. Stricto sensu, de la lyre d’André Bonmort fusent des lettres éruptives, une rythmique en marée d’équinoxe et un langage telle la fronde qui d’un caillou abattit Goliath. L’Oracle d’une écriture ainsi qu’un astéroïde part à la conquête de notre Cosmos intérieur et au fond de nos cortex ivres cette poésie par rafales s’amplifie crescendo à la façon d’une bacchanale animiste. On capte alors les accords d’un bel canto qui vient nourrir tant nos jachères mystiques que les viviers offshores d’une politique miraculeuse et qui, « souterraine polyphonie dont l’impérieux ébranlement intimera aux tissus de prendre leur envol, fera de la chair une parole. »

éd. Sulliver, 2019
108 pages
9 €