VIÉMONT Rodolphe (extraits)

DISSONANCES #46 | DI(S)GRESSION
Jean-Louis Murat : une place bien à part
« Il ne se passa que peu de temps entre l’envoi du scénario par mon épouse et l’appel de Marie Audigier : « Jean-Louis a beaucoup aimé votre texte : peut-on se voir tous les quatre prochainement ? » Cela faisait dix ans que Murat était au cœur de nos vies, ancré dans notre intimité : nous avions ouvert notre bal de mariage sur sa chanson Aimer (Que le corps vivant ce monde vive heureux chaque seconde, comme un amant ruisselant) et dix ans plus tard, notre fille chantonnerait ses chansons en onomatopées, avant même de maîtriser correctement le langage.
En lui j’aimais tout : ses mélancolies de french bluesman, sa poésie ancrée dans la terre et les éléments ; et plus encore peut-être sa voix sensuelle, sexuelle, entendue pour la première fois dans un train bleu (aux coussins roses bien sûr) entre Lyon et Genève. Quant à sa mélancolie, elle me semblait issue de ce romantisme allemand que je chérissais tant, même si le concerné revendiquait plutôt des influences italiennes. Donnez-moi la lumière sur ce chant muet, ce long chant de misère et de vanité. J’aimais son intransigeante liberté (son mauvais caractère). J’aimais sa rigueur et sa douceur. Ainsi envisager que Jean-Louis Murat pût être… »