Coup-de-cœur de Julie PROUST TANGUY pour Strange Pictures d’UKETSU
DISSONANCES #48

Un dessin entraîne la réhabilitation d’une enfant criminelle ; des portraits étranges sont publiés sur un blog qui finit de manière abrupte ; un enfant disparaît en laissant derrière lui une étrange composition ; un professeur d’arts plastiques est massacré lors d’une randonnée après avoir représenté un paysage qui donnerait un indice sur l’identité de son meurtrier…
Au fil des chapitres, le lecteur mène une enquête qui le conduit à interpréter des dessins. Faut-il les aborder sous l’angle de la psychologie du dessinateur ou faire attention à la composition et à l’exécution ? Quel est le message se cachant derrière la banalité de certains sujets ?
Uketsu propose une œuvre originale : si l’amateur de polar avait déjà été amené à résoudre des mystères impliquant des symboles ou des tableaux, c’est la première fois qu’on lui propose de décrypter ce qui semble, en apparence, de simples esquisses ou des représentations naïves, derrière lesquelles se cachent des réalités fort sombres. Au fil des enquêtes, un canevas mêlant histoire de l’art, psychologie créative, étymologie… finit par se dévoiler, confirmant ou infirmant toutes les hypothèses que le lecteur-détective aura élaborées.
Porté par un style très simple, ce thriller à la construction minutieuse s’avère moins complexe que les classiques auxquels il fait parfois des clins d’œil (Edogawa Ranpo et Seicho Matsumoto) mais révèle, tout en divertissant, certains aspects peu reluisants de la société japonaise actuelle.
Espérons que le roman rencontre son public pour que les autres œuvres d’Uketsu soient traduites !

traduit du japonais par Silvain CHUPIN
éd. Seuil, 2025
288 pages
19,90 €