Coup de cœur de Jean-Marc FLAPP pour Allez tous vous faire foutre d’Aidan TRUHEN
DISSONANCES #49
Jack Price est un garçon aussi organisé que dénué de morale. Comme il est également suprêmement conscient que l’on n’a qu’une vie et que celle-ci est courte, quand commence ce livre où c’est lui qui raconte avec toute la faconde d’un teigneux qui s’adore (« Ce livre est dédié […] à tous ceux qui ont compris sur le tard à quel point j’étais un connard. »), cela fait un bout de temps qu’il gère parfaitement un gros business de coke de très bonne qualité qui lui rapporte gros, fait qu’il connaît plein de gens (dont de très bien placés dans tout un tas de domaines) et lui permet le luxe comme la volupté… mais le calme plus vraiment : le calme, c’était avant, avant la première phrase (« Je commande un latte macchiato parce que Didi est morte et c’est triste ») qui évoque l’assassinat sans mobile apparent et de facture parfaite (juste deux balles dans le cœur et une dans la tête) de sa vieille voisine Desdemona Fraser, avant qu’il soit lui-même piégé et massacré dans son propre penthouse par trois malfrats masqués qui commettent l’erreur de le laisser vivant quoique réduit en miettes et baignant dans son sang, avant donc que Jack Price entreprenne dès l’hosto de comprendre ce qui se passe puis de laver l’affront, s’y employant à fond, toute la suite du livre narrant épiquement, à un rythme effréné, de l’intérieur du discours d’un psycho déchaîné (ce qui propulse le tout dans une dimension presque expérimentale sur le plan stylistique), l’affrontement à mort, aussi gore qu’hilarant, d’un narrateur cinglé et d’une bande de tueurs très hautement qualifiés, le titre original de cette saga foutraque, haletante, hallucinée, étant « The Price You Pay » et le prix de la vengeance étant exorbitant… pour notre plus grand bonheur !
traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Fabrice POINTEAU
éd. Sonatine, 2018
288 pages
21 €