DISSONANCES #47 | APRÈS L’ORAGE
Comme les oiseaux
« Une fois le tonnerre apaisé, une fois les dernières gouttes tombées, une fois le vent calmé, les oiseaux commencent à sortir, avec prudence. Ils pépient, remuent timidement entre les branchages, quittent le nid, y reviennent, vérifient les dégâts, s’assurent que l’orage est bel et bien parti et que tout le monde est indemne, vont chercher de quoi réparer, puis se mettent en quête de nourriture et la vie reprend son cours. Certains attendent un peu plus longtemps que d’autres avant d’oser remettre le bec dehors, pour être sûrs d’éviter une deuxième averse. La fille est de ceux-là.
Elle a l’habitude des orages, pourtant. C’est peut-être pour ça qu’elle s’en méfie : elle connaît leur caractère imprévisible. Elle les sent approcher, elle sent l’air devenir plus lourd, la tension monter. Mais elle ne parvient jamais à deviner avec certitude si la foudre va frapper, ni à quel moment, ni où. Parfois, l’orage s’évapore de lui-même sans avoir craché le moindre éclair ; parfois, il met plusieurs jours avant d’éclater. Parfois en moins d’une minute c’est plié et le calme s’annonce déjà ; parfois, le tonnerre gronde pendant des heures, surprend par… »